Si je dois te quitter, passer à autre chose, Abandonnant ma vie, et laissant portes closes, Je n’oublierai jamais ces nombreuses années Où je vivais heureuse en foulant tes pavés.
J’ai tout appris de toi, petite provinciale, Venant d’un autre lieu, une terre ancestrale. Des larges avenues à tes ponts éclairés, J’ai bu toutes ces heures en ton antre passées.
Et puis j’ai découvert ces étranges artistes, Les croqueurs de profils, les anciens bouquinistes. Les ballades sur la seine, et les gargouilles infâmes, Qui surveillent nos vies et se rient de nos drames.
Je t’ai pourtant reniée,quand ce bruit incessant, Inhibait mon cerveau et crevait mes tympans. J’ai craché sur tes bus, tes couloirs de métro, Puanteur de tes rues, et souillure des bistros.
J’ai souvent dénigré ces nombreux visiteurs, Cette foule harassante, et ces maints voyageurs. Et partant loin de toi je t’ai parfois trahie, Pour trouver quelques fois juste un peu de répit.
Si je pense à demain, à cet autre univers J’en oublie tes défauts et mon cœur se serre. Je m’étonne moi-même de ce doux sentiment, Qui me lie à tes rives, où s’aimèrent tant d’amants.
