Combien était magique et loyale et profonde ! La saison où brillaient les émois les plus chers, Où la terre nubile aux somptueuses chairs Se prélassait dans l'or ineffable du monde.
Il y avait dansant comme des fleurs de lin, De flamboyants éveils déployés sur les cimes, Et des vents lumineux et des orgues sublimes Que le ciel enrobait de son chant cristallin.
Au coeur des bleus étangs, s'allongeait amoureuse Toute la rêverie amicale des jours. Extases d'un moment ! délices de toujours ! Quelque effluve de l'âme enchantait l'onde heureuse.
Dans les lointains fuyaient les grands monts étonnés ; Des herbes palpitaient sous la nue accueillante ; Mystérieuse et douce, une aube clairvoyante Laissait flotter sa robe en éclats satinés.
O la vie elle seule était pure caresse ! Chaque bois effeuillait des soupirs ingénus ; Les champs tissés de houle et de longs frissons nus, Semblaient d'immenses coeurs soulevés d'allégresse.
Et pendant qu'éblouis de poèmes ardents, Les oiseaux, tout près d'elle, alanguissaient leur tête, Une belle songeuse ouvrait des yeux de fête Et croquait du soleil entre ses fines dents.