Vois tu venir ce mois de mai, Ces jours tièdes où la lumière Musarde le long des sentiers, Es tu ce promeneur invisible Que plus rien ne blesse, Quand un printemps cherche Sa partition et que tu restes Muet, aux heures secrètes, En l’étoffe si profonde Où je ne puis me diriger Et sentir ton souffle fragile. Vois tu venir ce mois de mai Où se perd le vide si bas, Froide demeure où le temps N’entre plus, ne s’étonne plus, Vois tu en ma poitrine qui cherche Dans le désordre de ma mémoire L’ébauche d’une consolation, Entends tu ce vent plein d’errance Frapper le sol où tu t’es penché, Puis, comme étourdi, se perdre En de multiples murmures Sur ta tombe sans fleur. Es tu cette ombre captive Qui désespère sous le voile, N’es tu plus que ma mémoire Quand mai délaisse ses promesses, Quand à l’ivresse douloureuse Je me fais orphelin de toi.