Vous m’avez dit : c’est l’automne, mon ami, Et je n’avais encore rien vu qui ne s’endorme, Vous m’avez dit sous un ciel que vous avez vu assombri, Bientôt tout s’endormira, tomberont les feuilles informes.
Vous m’avez dit : c’est bien normal que la nature s’essouffl Que là bas les grands vents du nord si vigoureux Viennent chasser la lumière de leur souffle Et que finissent les crépuscules amoureux,
Vous m’avez dit que l’oiseau s’en va au loin Cherchant ces terres fertiles où les jours sont clairs, Vous m’avez dit aussi qu’ils reviendront avant juin Déchirant de leurs cris le voile de l’hiver.
Mon ami, avez vous la certitude que cet automne N’est pas le nôtre, je le vois incertain. Autour de moi je ne vois plus personne, Que votre automne me tienne encore la main.
Vous m’avez dit : demain l’aube chantera encore, Qu’ainsi, pâles, les choses vont à s’étourdir, Que la nature est jalouse de tous ces trésors Et qu’elle ne viendra jamais à mourir.
Alors je n’ai plus rien dit qui n’éveille une réponse, J’ai regardé au loin où s’évadent les toujours Et comme une épine qui en moi s’enfonce Je suis parti ou s’évade le jour.