Je le sais, caché dans ces clairs matins Où comme un souffle, une étreinte diffuse, Il pénètre en nos poitrines, Etrange déraison face aux certitudes Où se façonnent bien des parfums amers, Je sais là ou il trébuche parfois, Ces pays sombres aux aurores indifférentes Où devenu eau trouble il tourbillonne Comme un papillon blessé au vent. Oui je le sais, là, fardé de lumière, Ignorant les absences où l’obscur S’est tu un instant dans la clarté, Où dans l’oubli des choses éphémères Le temps s’est assoupi au creux d’un souffle. Ô ! sais tu ce doux visage qui sourit Et cette blessure indolore laissée sur les lèvres, Ô ! bonheur, hâte ton empreinte, Qu’elle sillonne en nos mémoires brunes Comme une absinthe distillerait le rêve, Comme un corps défait par le plaisir Et qui renaît dans les plis du temps, Comme une rose pensive et insolente Dans sa beauté fragile Donne à toute chose son éclat. Combien de fois aussi es tu parti, Infusant à d’autres âmes ce que tu sais, Animant les souvenirs sur l’autre rive Là ou les cœurs aveugles désespèrent. Ô ! je sais ces instants qui réclament, Quand l’aube célèbre la vie Et laisse au temps sa triste besogne, Ecartelant les saisons où le bonheur Vient parfois graver son nom.