Croyez vous qu’il est un souffle malin Pour que nos esprits s’égarent et périssent, Que dans l’immensité des chagrins Nous nous effacerons, muets, mais complices,
Est il des morts joyeux et apaisés, Le front rempli de lumières anciennes, Qui dans leur immense sommeil singulier Entendent encore les murmures d’aubes sereines.
Croyez vous mon amie que tout ainsi s’efface, Que les sanglots s’épanchant à l’heure ultime Raviveront notre amitié à nos faces, Et qu’aux noirceurs agacées j’entendrai vos rimes ?
Quelle aimable beauté cet acte d’amour, Quand des chairs translucides, sans visage, Rayonnent sans fièvre et sans détour, Comme un couchant, à la plénitude d’un rivage.
A ces crépuscules encore farouches Où sombrent les poètes par leur mort pillés, En leur vaste mais funeste couche Les entendrons nous encore chanter.
Je serai ce compagnon plein de défaite Que les ombres auront purifié de clarté Bâillonnant pour vous de stériles tempêtes, Vous trouverai je dans cette immensité,
Ce chaos où peut être je n’aboutirai pas, Ce passage étroit, à mon âme résignée, Quand un silence hurlant m’aura fait tout froid Je ne serai plus alors quelle fut votre amitié.
Croyez vous qu’aux nébuleuses, en leur secret, S’habitueront nos vers venus d’un silence infernal, Que se tairont les rumeurs de l’ennui, de nos regrets, Quand nos croix bien lasses regarderont nos fronts si pâles.