Il faudra bien
Il faudra bien, il faudra bien que tu viennes,
Quitter la fenêtre où tout s’anime en regret,
Refermer son cœur aux passions anciennes,
Regarder ces mains bientôt orphelines,
Ces bras qui ont tant de fois enlacé.
Oui, il faudra bien qu’elle entre ici
Où s’affrontent, sans cri, la nuit et le jour,
Que je la regarde, soumis, sans avoir peur,
Que je cherche peut-être en son regard
Quelque douceur pouvant me distraire.
Il faudra bien, il faudra bien que tu t’approches,
Que je sente ton odeur, ce parfum unique
Qui est le tien, celui qu’emporte aux nuits
Le regret de n’être plus ni bonheur ni chagrin.
Ah ! tu les auras tous fait venir, oh ! rumeur,
Là, derrière la porte qui grince et s’entrouvre,
Sur leurs visages pâles de circonstance,
Le bonheur, intime ,de ne pas être à ma place,
Et derrière leur front tourmenté qui veut oublier
Cette envie oppressante de fuir leur destin,
Les mains moites, cherchant quelque refuge.
Et toi, mort absurde, ricanant sans répit,
Tarderas tu à me prendre la main,
Inspirée par quelques regrets éphémères,
Puis de la prendre enfin au glacial sursaut.
Une larme peut-être descendra de mes yeux,
En saurai je le sens ,que viendra t-elle me dire,
Venue de ce pays lointain qui s’éteint.
Il faudra bien, il faudra bien, vois tu,
Que la goutte d’eau tombe au bas du carreau,
Venue de ces pluies encombrées de vent,
Et mon regard lui dire que je meurs aussi.