J’aime les soirs qui s’attardent aux fenaisons, Au pourpre solitaire d’un soleil languissant, Et cherchent dans un ciel perdant la raison Leur berceau où l’ombre se brise en un néant.
L’air du soir soudain s’emplit d’odeurs, Il y traîne comme un parfum ancien, Tout s’endort aux mélancoliques rumeurs D’un vieux clocher aux rêves enfantins.
La rosée étale son chandail de brume, Le ruisseau chante bercé d’insomnie, D’étranges nuages glissent sous la lune Et l’on dirait qu’ils dansent en harmonie.
Quelques cantiques s’émancipent, rêveurs, Dans les longues allées buissonnières Tout s’emplit de charme, de douces clameurs, De l’oiseau farouche à ces longs conifères.
Au-delà des pierres qui se rappellent A l’enclos pâlissant des saisons mortes, Quand se lèvent les poussières charnelles, Alors ils s’agenouillent à nos portes.
J’aime quand ils descendent anxieux D’un ciel aux couleurs éphémères, Et le charme de leurs voiles oublieux Quand la lune se fait dentellière.