Je me rappelle de sa beauté, une beauté Si parfaite qu’un rêve n’aurait pu l’imaginer, C’était un hiver, c’était un été, qu’importe, Le temps berce les souvenirs et les emporte.
En son geste, elle avait cousu sur les collines Des bleus, des jaune safran et des vert marine, Façonnant les ombres pour attiser les regards Et fixer la lumière dans les peines du soir.
Elle avait fait grandir en l’aube secrète Ces jeux de fièvre que parfois le cœur regrette, Imaginé d’autres rumeurs, attardant leur chant Quand les vents avec rage inventaient des tourments.
Elle avait habillé le mensonge d’étoffes claires, Ranimé de belles vertus en son œil sévère. Le ciel était muet et semblait sans mémoire Quand flânaient tout plein d’errance les grands soirs.
Elle ne savait ni les parfums ni les choses Et leur orgueilleuse et savante métamorphose, Elle n’avait pas ces souvenirs confus Et grandissants, sous l’arche des visages perdus.
Je me souviens de l’insolente aux pas pressés, Cette fille aux cheveux d’or, de sa nudité, Grimant son miroir pour de vagues promesses, Je me souviens de l’oublieuse jeunesse.