Tout se prolonge, tout est mort, mais vit encore, La lumière filtre l’écran noir des songes, Le temps s’est mis à caresser ce qu’il ronge Dans les sillons étranges où tout s’endort.
Vois l’écume rouler, et venir, soumise, la mer, En ses flots, ramener sur ses blonds rivages L’éternelle jeunesse qu’abrite son ombrage, Vois dans ses rides ces lendemains qui furent amers.
Entends d’adorables cantiques où tout se presse, Toi l’enfant dont le regard s’étonne souvent, L’heure attelle au souffle ses grands chevaux blancs, Ils viennent, harnachés de funestes promesses.
Leur image vibre toujours, là, sous mon front, Encore plus à la fleur éclose, au beau matin, Quand, sur leurs naseaux fumants que caresse ma main, Le temps a fui déjà sous de lourds plafonds.
Vois cet arbre aux formes douloureuses et étranges Que coiffe un ciel trop bas et désuni, Son tronc fouillant la terre, ses racines sans vie, Et la mort que l’éclat de tes yeux dérange.