Les pierres savent elles les chagrins
Quel nom inconnu, ici, porte ton silence
Où chaque seconde se lamente
Ainsi que le vide qui s’élance
Vers l’éphémère d’où tu viens aimante.
Je te vois triste, pâle, et si lasse,
Sous ces nuages noirs et indifférents
Et ce temps maudit qui sur nous passe
Où tout n’est que froid au dedans.
Sous ton masque blême et de pierre
Quels soupirs viennent m’inspirer,
Qui, comme une larme de ta chair,
Jadis, sur mon cœur, s’était figée.
Les pierres savent elles les chagrins
Qui divaguent aux sources de l’ennui,
Et appellent sans écho, sans geste de la main,
Aux gouffres profonds de la nuit.
Sois patiente à ce lourd fardeau
Quand dans les brumes matinales tout meurt,
Quand un ciel déverse tant d’eau
Et que c’est tout ton corps qui pleure.
Viens m’animer, moi qui suis enseveli
Aux vagues promesses de tes lèvres de granit,
Quand un soleil sur toi repousse l’agonie
Au vent glacé qui sur les cyprès s’agite.
Sois patiente, en quête d’éternité,
Aux rugueuses heures qui nous étreignent,
Que je vois ta silhouette sur moi se courber
Et ton ombre diffuse que les jours peignent.
Les passants timides, d’un air affligé,
Ne savent pas nos songes secrets,
Car dans les vestiges de ton regard atténué
Flânent encore d’immenses regrets.
Ici, et qu’importe, toutes les saisons se brisent,
Les vents virevoltent et se dédoublent.
Dans les allées qui lentement de fleurs se déguisent,
Etrange fleuraison que la mort trouble,
Se traînent les souvenirs chahutés par le temps,
Et d’inlassables tourments plein d’odeurs
Se hissent aux horizons en un douloureux chant,
Et laissent en nos alcôves d’éternels et tristes rumeurs