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Thierry DEMERCASTEL

Nabila







Sur nous s’est trop penchée l’ombre de l’olivier,
Ce tourbillon de toi en mes frêles tourments,
Nos lèvres malades, une seule fois, n’ont pu oser
Cet amour que regardait l’Orient.

De la route menant à Kassar Saïd
Bordée de maisons blanches aux volets bleus
Qui se baignaient en un soleil torride,
Je t’attendais pour un regard, tes yeux,

Un mirage que vous donne parfois le désert,
Ces ombres vibrantes aux multiples voiles
Quand les amours dans l’oubli se désespèrent
Comme au vent hâté, un dernier pétale,

Tes grands yeux noirs en étaient leur attrait
Aussi profonds que le puits de Birde Abou Oifar,
Ils étaient si beaux que rien ne s’effarouchait,
Ni la gazelle dorcas ni l’aigle criard.

Les fleurs de jasmin enivraient l’atmosphère
Jusqu’au ciel bleu semblant immobile,
Puis se faisaient somnambules et solitaires
Aux nuits prudes, somnolentes et tranquilles,

Elles formaient mes songes informes et titubants,
Se dispersaient sur ton corps comme morte saison.
Un hiver était venu, poussé par les vents
Qui criaient sur les dunes de Debbecha, ton nom.

Le vieux port de Bizerte façonnait l’adieu
Comme les mosaïques de Sousse écrivaient l’histoire,
Puis déposa sur ta bouche un voile mystérieux
Et sous nos fronts d’amères mémoires.

Entends tu, quand vient le soir, gémir les vagues,
Ces nuits sans promesse, lasses d’attendre
En leur creux ces souvenirs qui divaguent
Venant aveugles comme poussière de cendre.