J’aime les jambes qui se croisent et s’entrecroisent Dans ces nuits qui dérivent d’absolus devoirs Elles ont le visage de l’ennui des vertiges Le langage cadencé d’étranges musiques
J’aime les jambes dans les squares qui se lamentent Quand vient flâner la lumière sur les envies Et que tournent en rond les brumes de mon cerveau Sur le blanc miroir d’âpres solitudes
J’aime les jambes où s’attardent les mornes saisons Vêtues de ces noirs tout plein d’infortune Comme les lourds corbeaux au socle de marbre Quand le soleil tombe dans les flaques d’eau
J’aime les jambes dans leur habile outrance Quand l’étoffe ivre joue et se dérobe Sous les regards étouffés des lendemains Et l’inégal mouvement de leurs gestes
J’aime les jambes étonnées au flot de la mer Cette voyeuse à la chair de cristal Bavant son écume sur l’entre voilure Quand la vague solitaire se rappelle
J’aime tout ce qui les ravit au rythme De mon agonie quand le pourpre de mon sang S’égare sur des chemins hasardeux Où la vague et le rocher ne sont plus qu’écume