Je ne me souviens plus où tout a commencé Etait-ce un geste, un mot, un regard échangé ? Comme le décor est flou dans une tempête de sable Je me souviens seulement que c'était formidable.
Peu à peu j'ai perdu la vue, le goût, le toucher Le parfum que j'aimais : tout est en pièces détachées La couleur des cheveux, leur longueur et leur coupe Il manque au moins vingt pierres pour terminer la voûte.
Mais il reste quelques taches qui semblent indélébiles Qui m'aideraient à te reconnaître entre cent mille C'est la douceur de ta voix et celle de ta peau L'indécence du désir qui libérait les mots.
Nous étions jeunes, fougueux, insatiables, dévorants Aucune limite et nous ne parlions pas du temps Pour nous, vieillir c'était tout tenter, tout aimer Et mettre le feu aux chandelles des deux côtés.
Quelques années plus tard, tu m'as écrit une lettre Je n'y ai pas répondu, combien je le regrette ! Aujourd'hui ma réponse finirait poste restante Où d'autres amours et d'autres passions déchantent.
Je ne me souviens plus où tout a commencé Peut-être qu'à l'ultime minute je m'en souviendrai Juste une minute pour ne pas avoir mal d'aimer.