Au-delà des mers il y avait un mystère, Plus loin que les alizés indolents, Que les océans en colère. Les pluies glacées mataient les marins Les plus téméraires.
Au-delà des mers il y avait la misère, Les pères disparus, les enfants perdus. Des mères résignées, ombres épleurées Errant sous les crachins, sur les grèves morcelées, Battues par la fureur des vents.
Au-delà des mers il y avait les batailles, Pour quelques pièces de métal, Des corps déchirés, Des sourires à jamais figés, Des balles dans les entrailles.
Au-delà des mers il y avait les oiseaux Et des terres nouvelles, Des hommes fiers, nos frères, Transformés sur nos chantiers, en bétail, Voler leurs femmes et leur dignité.
Au-delà des mers il y eu l’enfer, Massacrés les enfants sur des terres sacrées Déplacées les tribus, leurs esprits A jamais perdus, chantant dans le souffle Des voiles tendues.
Au-delà des mers il n’y a plus de mystère. Mais quelquefois les larmes des trépassés, Viennent heurter nos côtes désenchantées. Et si le vent d’ouest vient à chanter, On peut entendre hurler le peuple des âmes oubliées.