Je te regarde au loin comme on voit des étoiles Dans un soir prophétique où tu m’entends rêver Dans un soir sans sommeil où de sombres rochers S’écrasent sur mes draps dans un horrible râle.
Et je te sais vivante jusqu’à m’en vouloir De sentir tes cheveux devenir des guirlandes De prendre tes mains comme on chérit des offrandes Et de sentir tes doigts me caresser l’espoir.
Je m’invente une vie où la Vie te ressemble Où la nuit ne me prend que quand tes yeux se closent Où le jour de ta peau dans une apothéose Fleurit sur mon chagrin quand l’amour nous rassemble.
Je vois l’éternité entre tes seins d’albâtre Je devine à moitié l’écume de l’envie Je sais l’immensité que me donne ta vie Et je voudrais pour toi survivre et puis me battre
Offre-moi des printemps, fée verte de mes songes ! Tes yeux enluminés de lune vagabondent Et brûlent tendrement mes peines moribondes Je m’imbibe de toi comme font les éponges,
Je relis tout de toi, tu es mon alphabet Je comprends tout de toi, douce mathématique Et tous mes sentiments sous ton cœur en portique Défilent calmement sans pourtant se courber.
Tu fais dans mon esprit bourgeonner des fenêtres Je recueille le sel de ton corps endormi Je m’habille de toi et je crée à l’envi De ces strophes rêvées sans jamais de peut-être.
Je suis demain, je suis la folie dans tes voiles Et souffle des vents bleus qui reviendront fleurir Tes rêves rassurés et s’en iront mourir, Et l’ombre de ton cul sourit sous les étoiles.
Mais je sais que de moi ne viendront que des pleurs Proportionnellement aux charmes que tu donnes Tu m’habites, me ronges et partout résonnes Je te regarde au loin comme on enfouit son cœur.