Mon amour est parti sous une aube effacée Tel un cœur au dessus des limpides vallées Que les reines déchues des ardentes nuées Poignardent sans cesse sans jamais arrêter
A l'oblique passé aux bourbeuses contrées Je n'ose plus penser ni languir ni pleurer J'erre comme un fou qui regarde régner La tristesse partout en un voile trop épais
Mon visage est soumis aux stériles hivers Je recouvre mon front et j'implore la terre Quand le baiser sans nom de l’indécente mère Me remplit l'estomac d’un goût bien trop amer !
Car mon âme est une eau qui ne sait où croupir Qui mugit comme un veau destiné à mourir Et j’erre sans amour et sans plus de plaisir Qu'un infâme ruisseau asséché de désir
Je descends sous le fiel ce chemin tant honnis Qui mène au froid désert de mes jours infinis Des montagnes si belles aux rivières fleuries Vers l'éternel glacier où meure l'incendie
Plus de mystères où se puisse entretenir La flamme salutaire des ardents souvenirs Mes malles sont vides des rêves à venir Et je ne presse plus les fruits de l'avenir
Je vais me reposer sur le bord du chemin Jusqu'à l'aube espérer qu’un serpent veuille bien Par l'antique venin de ce monde si vain Telle Cléopâtre me libérer enfin