La Déchirure
Bonne Année 2014
Le ciel est gris, le vague à l'âme,
L'année vient de rendre les armes,
Spectres aux vents, les arbres frissonnent,
La nature trop morne déraisonne,
Les cieux en pleurs déversent leurs rus,
Des âmes perdues aux coins des rues,
Elles auraient fait festins, ripailles
Avant que leur espoir s'en aille.
Décembre s'éteint, l'année est morte,
Dans la grisaille, le vent l'emporte.
Vive l'an neuf, l'ombre s'écourte
Et l'eau inonde prairies et routes.
Le monde s'écoute, s'admire ;
Faut-il pleurer, faut-il en rire ?
L'aurore, demain, lèvera le voile,
Sur le tableau du peintre, la toile.
Dansons alors aux derniers bals
Sous le soleil ou les étoiles.
L'oiseau viendra manger la graine ;
L'arbre naîtra, brisant la faine ;
Les mises bas, les fleurs offertes ;
Année prospère, année disette ?
Les illusions au rendez-vous
Vont-elles encore nous rendre fous ?
Les gouttes bruissent sur la vitre,
Le ru gazouille, coulant ses litres,
Un coup de feu, une biche se meurt ;
Sous une bâche, une mère pleure ;
L'année nouvelle, ses artifices
Apportent leurs jours et leurs caprices.
La terre pourra encore tourner,
Quelques heures, quelques années.
Rêvons encore aux jours meilleurs,
L'essor peut-être, aux dons du cœur,
Aux roses subtiles, parfums suaves
Aux notes fines, au chant du gave.
L'or dans les yeux, sur la rosée
Pourra peut-être étinceler
Lorsque la nuit fermera ses feux,
Que le monde ouvrira ses yeux.
Dans la corolle de l'espérance,
Un régal, une corne d'abondance,
Empathie, amour, joie et bonheur,
Le PIB (*) de notre cœur,
Le PMB (**) de l'avenir,
Ne plus courir, juste retenir
Et contempler l'immensité
Que l'univers nous a donnée.
***
(*) PIB (Produit Intérieur Brut)
(**) PMB (Produit Mondial Brut) Référence à PNB (Produit National Brut)