Qui pourrait se vanter, d'ici et par le monde D'être l'égal d'Humphray, qui les dieux seuls seconde ? Pour se tenir debout aux côtés du grand mage, Qui serait assez fort ? Qui serait assez sot ? Qui pour lui disputer les glands ornementaux Qui parent son habit d'un rutilant sillage ?
Qui oserait braver les tortures sans nombre Frappant qui, seulement, marcherait sur son ombre ? Nul ne peut contester l'implacable puissance De celui qui, ce soir, se tient sur cette estrade, Celui qui, à lui seul, vaut bien mille pléiades Et les supplanterait de sa luminescence.
Un mage et un savant, la sagesse d'un roi, Un général hors pair, il n'est pas que cela. Un soir, moi, je l'ai vu, Humpray, battant l'épée, Devant les murs tombés du Château de Grenaille ; Ayant laissé ses sorts pour un fer de bataille À cent contre un encor, il semblait l'emporter. »
Ces mots s'entrechoquaient dans la cour de Grenaille, Et embaumaient les corps gisant sur la rocaille ; On oubliait un temps les afflictions du deuil. On oubliait les cris montant en contrebas ; Le château éventré attendait le combat, Et l'on fixait Humphray, courbé dans un fauteuil.
Mais malgré le héraut clamant sa logorrhée, Malgré les vieux soldats, pour la moitié blessés Qui contemplaient leur chef en cramponnant leurs vouges, Humphray restait assis, et nul ne l'appelait. Vingt minutes plus tôt, tous avaient vu la plaie Qui ornait son haubert d'une médaille rouge.