En mère contrite je peins Haïti, De deux races est chargée entre ses bras: Le noir jaloux,pour marionnette est pris, Empoigne l'autre lui-meme d'instinct bas, Puis à force de coups,brise le partage Dont l'avenir a grand besoin pour son image. Ce voleur,ce maudit malheureux, Sème au coeur de la ville la zizanie, Si bien que,pour attrister leur mère à deux; Il détruit l'autre en prélevant la vie, Le mal,ayant pris possession de ses frères Desquels ayant donc augmenté la souffrance, A la fin les dresse,en leurs justes colères, L'un contre l'autre pour un combat de démence. Ni les douleurs atroces,ni les grands cris, Ni les durs pleurs n'attendrissent leur esprit. Car l'argent vers l'abime les guide et trouble, Si bien que l'ardeur par leurs coups se redouble. Ce conflit s'allume en des traits si furieux Que l'effet crève de leur mère les yeux. Haïti,cette mère en cette douleur, Succombe à la souffrance,elle est mi-vivante. Et pour survivre encor à ce grand malheur, Elle tient encor le coup toute souffrante En les pressant à son sein malgré leurs torts, Et veut le calmer,l'autre qui se rebelle Sans foi ni loi dans cette sotte querelle Qui à briser de paix les accords.