Ô, forgeron habile Tu souffles, tu tords Tu contorsionnes Tu donnes formes et sens Ton soufflet tu actionnes
Tu rougis le fer blanc Tu mates son insolence Tu étires, tu découpes La matière qui balance Tu allonges le trait Tu aplatis l’aisance Ce qui était un bloc Se mue en griffes d’ange
Aurais-tu appelé à l’aide une Diablesse Pour que tes outils soient étranges fers à frisettes Pour qu’ils lissent les plis d’une robe qui se froisse Pour qu’ils marquent à cœur les courbes qui reçoivent Aurais-tu succombé aux charmes de sa lucarne Un soir de pleine Lune ou une nuit d’orage Cherché le diapason pour chanter une romance Acidulée d’amour sous l’ombelle des branches
Ô forgeron tes mains Auront fait des prouesses Je suppose à cette heure Ton âme en liesse Et puisque te voilà Fusion, incandescence Je me sens fort marri Je te tire révérence