Dix ans Dix ans dans les filins, les crochets Vue sur la tour et les oiseaux marins Avec comme objectif de mécher les heures Avec mise au point sur la queue de la sirène
Dix ans Et voilà que je prends le bateau Je le sens bouger droite-gauche bâbord -tribord La brume a le don de s’inviter Au port Les voiles sont au pliage Les frissons d’écume précèdent le départ imminent Les tresses sont en renouée Rose-vert Rose-vert
Dix ans Le port recule Dépassement de phares et balises Mon cœur flambe toutes les heures passées La lune a fui le jour Le soleil arrive en surpiqué La brume contourne les fortifications La cahutte de douaniers est à peine visible
Comme il y a dix ans Le serpent de lumière déroule sa queue Mais aujourd’hui Le gris absorbe tout Il emmaillote la rade Le gris Presque blanc
Dix ans Que je n’avais pas entendu la corne du bateau Que je n’avait pas capté de voile fantôme Je sens Les odeurs de gasoil en mélange Celles des gens aussi
Il y a dix ans Je n’avais pas vu l’œil gardien du port il n’était peut-être pas encore là Depuis Il en a vu des allers-venues Les éloignements et rapprochements Immuables
Depuis dix ans Voire bien plus longtemps Il y a toujours eu un oiseau à venir Droit De face Un oiseau pirouette Un point posé sur le vide