Le petit bateau tangue sur le soleil timide Il a du mal à trouver son équilibre À cause de la pluie qui rigole et fait courir les gens dans les rigoles
Il ne se sent pas l’âme d’un lion qui rugirait pour rétablir le calme Secoué comme une clochette qui ferait ses pointes Ce fragile ballot commence à avoir mal à la coque
Il étire sa proue de girafe pour savoir où cette histoire le mènera Mais l’horizon est vaste et rempli à ras bord des plumes des goélands marins Autant vous dire qu’il n’y voit rien
Le petit bateau craint que cette journée ne se termine mal Et qu’il aille rejoindre les poissons des profondeurs marines Épinglés aux revers du fichu mois d’avril
Il ne veut pas devenir une épave même avec un trésor de pirates Si la nuit venait maintenant elle apporterait avec elle la lumière des lointaines étoiles Et il trouverait son chemin
Il sait bien que ce n’est pas encore le moment de la lune Elle n’apparaîtra que bien plus tard En attendant il ne cédera pas au désespoir
Le petit bateau se met à chanter la chanson du petit navire Pour apaiser les colères du ciel qui se tortillent tels des serpents Il pense à Ulysse et aux sirènes et refuse de se laisser faire
Il invente des couplets quand il ne se souvient plus des paroles En appelle au vivant aux fleurs et au beau temps Soudain éclate une éclaircie aux hanches rondes et aux yeux de chat
Les soupirs de la mer s’apaisent et le petit bateau se tient droit En accord parfait avec le bleu des fleuves Il frétille enfin du bonheur retrouvé