Il était un endroit où les chansons entraient Il était un endroit où les chansons osaient Parfois timidement, parfois en coups d’éclats Elles tonnaient bourrasques ou endossaient un masque
C'est dans cet endroit-là que je venais parfois Avec mon cœur guitare ou mes sens aux abois Je chassais mes chimères, je croisais des sorcières Et les coléoptères tournaient dans la lumière
Dis-moi, Marianne, quand tu ris tu embellis Les feux de pages se propagent dans la nuit
À l’horizon des rêves, à l’horizon des mots Chacun puisait le monde troué d’air, de chaos Pour bannir les mensonges, chatouiller les étoiles Chacun battait l’orgueil, passait en char à voiles
Lorsque demain soudain a chargé ses nuages Ses grimaces, ses pleurs et ses mauvais présages La charrette a grincé une musique sans suite Les oiseaux de passage n’ont plus choisi ce site
Dis-moi, Marianne, tu ne ris plus mais tu blêmis Les feux enragent, leur colère et leurs cris
Si les chansons, d’abord, quelques jours se sont tues À présent elles songent qu’il leur en faudrait plus Pour cesser leur tapage, leur chahut, leur fiesta Pour tourner cette page et fracasser leurs voix
Elles calfatent le rafiot qui a un peu pris l’eau Elles s’y mettent de bon cœur, elles deviennent matelots À l'heure qui sonnera de faire retrouvailles Elles battront le pavé pour de belles chamailles
Tu vois, Marianne, tu es là et tu souris Ces feux de paille artificent nos envies Dis-leur, Marianne, que la vie nous réunit Les feux de l’âme ne s’éteindront pas aujourd’hui