La mer s’est échappée à l’autre bout du monde Elle a fui les humains qui voulaient l’avilir La mer a déserté ses rives, indocile Elle s’est révoltée, n’a plus battu des cils
Les hommes voulaient tant lui faire la leçon L’intimant de poursuivre son œuvre ancestrale Ils cherchaient l'épouvante en pointant le menton Elle n’a point fléchi, est restée dans la cale
La mer a retenu le souffle en son corsage Et devenue l’absente en refus de venir Là où gisait son ventre qu’ils avaient rongé Une laisse de sable, le sel, les rochers
Les hommes refusaient qu'elle ose résister Eux qui étaient garants de l’ordre de ce monde Il a fallu un jour que des enfants leur montrent La douceur des mots, elle reprendrait sa ronde
Ils ont tressé colliers, ont caressé ses courbes Ont cajolé sa peau pour qu’elle ne s’effrite Quand ils l’ont regardée, lui ont offert sourires Timides tout d’abord, puis plus francs et leurs rires Résonnant au lointain dans le ventre du ciel Ont planté dans son œil un éclat de lumière Elle se réveillait, voulant à nouveau plaire
Les enfants les premiers avaient ouï sa langue Chuinter au fil du vent, ils ont chanté ensemble Cette vague a grossi en belles embardées Polyphonie vivante emplie d’humanité