Arrivée en la demeure la lune veille déjà entre les entrelacs elle veille encore à distance et pourtant si proche toujours entre les entrelacs elle s’accroche au rebord et capte nos regards elle déborde du cadre ronde dans le tableau
Arrivée à la veillée Entre les entrelacs qui entourent la demeure La lune s’accroche, lointaine et proche Rondelle au centre du carcan des branches Elle déploie ses branchies Avale l’air de nuit Je croise son regard blafard Sans fard Elle a l’âge de ses cratères Où logent des cailloux Petits points en suspens
Veines du bois tranché Tranche de bois plantée Là, au bord du sentier Sous la brûlure du jour d’été De jour comme de nuit Bardé de barbelés Tirés Étirés Pointés de clous rouillés Cadenassés
Échappée végétale Embardée transversale Le lichen s’agrippe Sans demander Il résiste Il rentre dans les stries Il comble les plaies Il colonise D’abord le côté droit Reluque le côté gauche
À regarder le vent Je le sens sur ma peau L’arbre Ses feuilles et son écorce Son tronc qui file droit sur le ciel Je pourrais m’allonger, alors je vibrerais De toutes mes dendrites Mais je n’ai pas le temps Il me faut marcher Las ! Cueillir des mots Ailleurs Je file
La maison se planque dans les ébouriffades des herbes au dos brûlé Elle garde sa fraîcheur derrière la porte close Elle retient son souffle et joue à être morte Son toit ondule ses tôles dézinguées J’aperçois Les bottes de foin qui cherchent à rouler Au bas du précipice qui s’ouvre sous le cadre La forêt toute proche aux couleurs ombreuses Si la chaleur remonte le long de ma colonne Je ne me risque pas Pourtant comme j’ai envie Je suis comme l’enfant qui aime ses frayeurs Qui en tire plaisir sans l’avouer à personne Attention à l’heure Je vais être en retard et je n’en ai que faire Ou plutôt, ça me plaît
Qui est-il L’oiseau perché qui se fond dans le bleu Et que je n’avais vu au moment du déclic Un voyageur probable ? Un voyeur sans doute ? Un innocent volage ? Un visionnaire impavide ? Celui qui frise ses plumes Au bord de ma vision
Toi qui regardes Cligne De l’oeil Pour le voir Derrière les couleurs Qui marquent leurs triangles
Sur le dos de sable Échouées, nos illusions Baleines repues Phalènes brûlées
Le gris domine Gris le ciel Gris le mont Grise la baie Surchauffe
Comme un tableau d’apocalypse Outre-monde Où l’humain se serait brûlé les ailes Outre-monde Solitude incendiaire