Je retiendrai de ces moments Des rires en fusion Le bruit des glaçons Une cuillère qui remue son gros dos La vision des mains qui s'activent, tronçonnent sur les titres de journaux Les entailles sous la lame des couteaux qui oeuvrent de concert Des mots Sous des monceaux d'épluchures Des mots Dont l'encre s'échappe pour qu'ils prennent leur envol
Les coeurs déboutonnés ont posé leur paletot Sur le dossiers des chaises Ou ils s'alanguissent sur le sofa On a trouvé sa place On se cale le dos Et en appui sur l'autre on s'offre une parenthèse
Un soir Une oreille tendue Des visages apposés L'un contre l'autre Des regards troublés aux tremblements timides Les émotions qui se pressent
La nuit n'a pas sorti sa boussole Le jaune d'or est au coeur de la maison dont les vitres s'embuent Quant à la maison de bois restée discrète Elle voudrait peut-être passer entre les mailles de mon attention alerte Je vois seulement une silhouette prise dans sa lumière
De l'autre côté de la rue alanguie Dimanche embrumé au matin Un écureuil se dresse Fier Sur ses pattes arrière Puis il déguerpit en quelques bons à peine en-dessous du perron
Le jardin est encore au repos qui a duré des mois C'est à peine si quelques couleurs risquent leurs museaux de part et d'autre de la tonnelle
Dans le jardin des bords de Saône Quelques mois plus tard Les iris relèvent la tête Fiers Les roses explosent leurs senteurs Le seringa se fait la belle par-dessus la palissade superficielle Il l'embrasse
Ronronnent l'hélicoptère dans le ciel hésitant les roues sur l'asphalte le lave-vaisselle de la ménagère le tambour de la machine à laver Une poule de terre sur un muret de pierre ne picore pas de pain dur Elle surveille les piafs à la becquée Pour l'instant, ils ne se sont pas pointés