Elle cueille ... coquillages et autres trésors de naufrages dans ce petit monde en miniature grouillant de vies Courbée au-dessus du sable, elle voit les puces sauter d'improbables obstacles Drôles de dames à pattes qui entrent en piste seulement quand bon leur semble
Elle cherche surtout des dents de sortilèges et perd la notion du temps celui qui engage celui pour aller de l'avant Ses yeux détaillent ... ces objets inutiles, cet univers mouvant que les adultes délaissent et qu'oublient les enfants
Elle glane par le menu ... les allers et venues les abris ajourés dont elle fait sa fortune Elle aime toutes ces coques, ouvrages rongés de sel Les bêtes depuis longtemps ont fui ces frêles refuges ou se sont desséchées Sur un croissant de dune le ressac a oublié de venir les chercher Elles sont restées là jusqu'à ce que la mort vienne Elles ressemblent désormais à des perles précieuses dont on tire des parures
Elle ne prête pas attention aux regards Leur condescendance se pose parfois sur elle qui se plaît à faire le chemin à genoux Pourtant, un jour, quelqu'un s'approche d'elle lui demandant ce qu'elle prend tant soin à collecter Elle montre alors une bille rose que d'aucuns pourraient confondre avec un grain de sable ou encore de café Avec emphase, elle évoque la Vierge la belle Dame de Batz qui les aurait, dit-on, semées à fantaisie pour qu'on ne puisse jamais toutes les retrouver Mais une seule découverte ... et c'est un jour de chance
Ceux qui entendent son récit la pensent illuminée parce qu'elle parle de merveilles dispersées à tous vents Elle ne bronche pas, se contente de sourire Elle poursuit sa quête sans once de lassitude et sans soupçon d'aigreur Inlassable ...