La dame de Crolles est une grande dame Elle a taille de géante et formes généreuses La dame de Crolles se prénomme Gabrielle Si elle fredonne souvent la chanson de Johnny Assise haut perchée à côté du piano Elle ne se souvient plus de toutes les paroles
Mais la musique reste Mais la musique est là Toujours elle la traverse
C’est comme si elle marchait, Gabrielle Sur un vieux pont de pierre Parfois un peu branlant En-dessous un abyme et ses tourbillons d’eau Ils ressemblent aux moutons Fougueux Sans leur berger
Elle avance, elle chaloupe Elle contourne les obstacles Même si elle se loupe
Elle ne regarde pas ce qu’il y a sous ses pieds Elle fixe plutôt la porte Celle-ci finira bien un jour par s’ouvrir Entrera alors un visiteur discret De ceux que l’on attend parfois de longs moments
Elle s’est faite toute belle, Gabrielle Ses cheveux a coiffés Elle s’est maquillée A enfilé sa robe aux couleurs des oranges Son collier jaune et or est resté sur sa table Au chevet de son lit
Gabrielle est pensive Elle n’entend pas de bruits Les poules qui caquettent sont parties en voyage Le renard qui glapit dort dans son terrier Les rires et les pleurs des enfants dans la cour Se sont tus eux aussi Ce n’est pas la récré
Voilà la porte s’ouvre Le visiteur est là Sur pattes de velours
C’est monsieur le chat Il aime les caresses Gabrielle le gâte Elle lui fait risettes Il ronronne à tout va Puis saute sur le fauteuil Qui a beaux accoudoirs Pour tourner ses yeux doux
Au moins quand il est là Les oiseaux sont tranquilles Et picorent le pain Sans être importunés
Gabrielle est aux anges Elle sourit à la vie Et son esprit voltige