Le pétrole a rempli les cratères de mer Et son voile s’étend par-delà l’horizon Les maisons détournent leurs visages de terre Leurs croisées sans rêver vers funeste oraison
Il semble que rien ne puisse arrêter ce flux Qui verse ses laines dans les écumes roides La splendeur s’est muée en mirage perclus Un lointain souvenir courant sous les peaux froides
Les rochers de granit sont encerclés de suie Ces résistants fossiles vibrent dans le bruit Sous les coups de boutoir qui attaquent leur souffle Verront-ils les saisons revenir sous la mousse ?
Le volcan en furie confère à ce pays La désolation que le monde déplore Les épaules rentrées, le regard en charpie Les humains sauront-ils enfin tirer des bords ?
Ils redressent l’échine et marchent décidés Contre le désespoir font ensemble serment En hissant la voile de leur attachement Qu’ils ressusciteront le sable des marées
Ils raclent avec vigueur les senteurs collantes Sans relâche au matin et à la nuit tombée Tous les sens en bataille et les mains engluées Pour tordre franchement le cou aux épouvantes Sous leurs efforts liés viennent quelques couleurs La palette du peintre écarte noirs et gris Révèle l’émeraude et l’orangé des fleurs Par leur ténacité ils ont tenu pari
Ils ont grande fierté de n’avoir point flanché D’avoir su résister au désespoir prescrit D’avoir par leurs forces contre vents et giflées Dans leurs yeux le bonheur serti de pierreries
Semblables aux vigies perchées sur les haubans Les gens de ce pays ne s’endormiront plus Parce qu’ils font confiance aux valeurs d’antan S’accrochent désormais à leur soif d’absolu