La pluie bat la campagne comme on battrait les blés Elle halète, elle insiste, elle terrasse, elle fouette Grelot, elle chaparde le temps qu'on voudrait beau Elle folâtre, elle trépigne
Sur ses talons perchée, elle danse tout son sou Sur ces aiguilles agiles, elle saute à sa guise Elle échappe aux étreintes, elle laisse ses empreintes Que le soleil efface dès qu'elle tourne le dos
La pluie bat la chamade tant que son outre est pleine Parfois elle s'agite, parfois elle s'étire, parfois aussi s'étiole
Un instant de répit... Avant qu'elle ne bourlingue à nouveau sur nos coiffes Qu'elle enchante les jardins qui la boivent au goulot
La pluie picore ma tête pleine du doux été Loin des hordes pressées, des bousculades chamarrées Ma tête empesée d'embruns et de levers de lunes Ma tête qui se balance au mât des rêveries
Ses sanglots ruissellent sur mes joues que Phébus a brunies Accueillies jour à jour et cousues bord à bord La pluie brouille les clartés irisées des heures infinies Et j'entre en vague à l'âme