Le vent a amputé le bras du cerisier Le vieux de mon jardin Encore hier battait des ailes Tel un bienheureux Faisant grêler ses billes Vertes toujours Celles qui sous peu offriraient De jolies pendeloques À crocher aux oreilles, au cou
Et le bon vieux fruitier a chuté en fracas Son écorce a claqué Ses branches maintenant Sont immobiles à terre La pluie les alourdit L'écureuil curieux ne voudra pas s'en plaindre Il peut se régaler Sans faire de détours ni de contorsions Où il est pourtant chef
Moi, je suis là, à regarder mon arbre Mon fier compagnon d'armes Bravant étés brûlants ou neiges infertiles Cet ami des oiseaux, des bourdons, des frelons Qui offre si souvent refuges dans son lierre Je crois l'entendre pleurer Et si ses veines saignent C'est qu'un bon bout d'épaule a été arraché Il a peur de mourir
Je m'approche de lui Pose ma main sur sa peau scarifiée Sa chaleur gagne ma paume Elle diffuse bien-être, douce mélancolie C'est un silence sans plaintes Et cela me rassure Je comprends que la vie qui malmène les corps Est belles métamorphoses Ce soir j'écouterai le chant de mon ami