Dos au moulin s’enfonce le chemin Il s’éloigne des îles dont certaines ne se laissent aborder qu’à marée basse Il accueille vieux pommiers, ronces et fougères, fenouil chevelu Secoués par le vent Dans la forêt qu’il longe, deux arbres, l’un mort, l’autre vif Deux inséparables
Le chemin se hisse, peut-être pour voir la mer de loin Genêts et prunelles côtoient marguerites, géranium solitaire, ajoncs, bruyère rase Tandis que les liserons s’enroulent autour des tiges, inéluctablement La scabieuse refuse cette étreinte perfide
La main de l’homme a façonné la terre pour qu’y poussent artichauts et blé Pourtant le gaillet s’allie aux ombelles et entre en résistance dans l’herbe du fossé Vois Les maisons sont bien là, avec leurs potagers qui laissent présager des soupes à venir
Et le vent, encore
Un papillon s’envole de son arbre refuge La passiflore déploie ses griffes et corolles Au bord d’un creux modeste, les carottes sauvages faseillent
Le chêne, le peuplier se tordent et ils mugissent Si la taupe a fait des bosses pour se mettre à l’abri On ne saura jamais sous laquelle elle se trouve
On descendra la pente qui glisse sous la route Et le vent gîtera Sans remords