Taureau, je t’ai vu Tu creusais ma tête À grands coups de cornes
Je m’étais endormie au soleil Là où je me croyais en paix Avant que tu ne viennes dans mes rêves Et que tu charrues mon champ des possibles Jusqu’à en faire un désert glacé
J’ai senti mes poils hérisser ma peau nue Et ma nuque se tendre
Loin, les vaches et les petits veaux Là, dans l’arène, grande
J’étais une fleur jetée en pâture Sans amour Livrée corps et âme à mon destin infâme Où la beauté fondrait comme neige
Mon cœur se nervurait Par ci par là Tandis que tes sabots fracassaient le sol En jetant leurs énervements
Je doutais Étais-je dans mes songes Voulais-je en sortir Je doutais
Le rire me quittait J’étais percluse En-deça des farces Poissée au creux des reins Et transie dans ma peur
Quand le chouette hulula Le cauchemar cessa Le soleil calfaté usé venait de s’endormir
Je posais ma main pour apaiser mon rêve Puis je me mis sur pieds Et partis en détente Telle une bombe diffractée