Dans le grenier abandonné où peu d’enfants osaient entrer Il venait souvent les guetter, les araignées Non pour leur ôter les pattes, ni pour leur écrabouiller la tête Mais pour gentiment les cueillir dans le creux de sa paume Où il avait délicatement posé un morceau de velours usé Installez-vous dans ce boudoir de tendresse pour en recevoir ! Les demoiselles attendaient patiemment leur tour sur le rebord de la commode vieille Puis elles descendaient au moment opportun Quand l’une d’elles était en place, elle lui tendait d’abord une patte, puis une autre Comme le font les grandes dames pour recevoir un baise-main Il prenait un peu de salive qu’il parfumait selon l’envie Lavande, verveine ou myrtille, citron parfois pour le frisson Et c’est en toute délicatesse qu’il lustrait les guibolles fluettes Comme il l’aurait fait du cuivre qu’on caresse avec minutie Une fois la tâche accomplie, les belles reprenaient leur dentelle où elle crochetaient son sourire