Sur les murs aux teintes fanées À l'envers de la rue passante Des traces que personne ne suit
Un faux air de Bruges Mais modeste, industrieux Mémoire d'un passé Où l'eau tirait ses fils Pour faire gonfler les voiles
Ici des ponts en fer Un petit restaurant Dans les anciens bains-douches
Ici on passe On ne s'arrête pas On ne regarde pas Qu'y aurait-il à voir ?
Deux consultent le menu Au-dessus de la salle les draps sèchent Tranquilles
Là-bas Trois se tiennent ensemble Un gars et puis deux filles Cheveux longs, au carré et brossés Dans ce carré qui ombre ce qui ne reluit pas
La fraîcheur de décembre hèle Ceux qui sont trop pressés Elle retient sa bride À peine Les épaules se cachent Les corsages boutonnés Remontent leurs cols serrés
D'ici, on ne voit pas le port Où les grands cormorans écartèlent les ailes Où les mâts des voiliers se sont enguirlandés Où l'on devine la mer Sans même l'apercevoir
Sous le pont qui enjambe la ville Chacun passe Chacun trace Et les ombres agiles Dessinent les venelles