Les oiseaux ont fait moisson de soleil et de vent Oiseaux aux ailes de neige ceints de l’écume de mer Ils portent avec eux Les souvenirs Les paysages Les sensations Les éléments traversés Et leurs ombres passent sur nos visages
Nous engrangeons leurs dires radieux Glissés sous nos jabots précieux Pour qu’ils restent au chaud, ne perdent pas leurs plumes Mais aiguisent la nôtre Sans écorcher les mots
Les oiseaux traversent le ciel et la brume mouvante Sans jamais se plaindre Et s’ils crient C’est pour marquer présence Et parler au présent
D’autres oiseaux aussi Se tournent vers la terre Ils chantent Ils sont en verve Posés près du bétail Perchés sur les toits noirs
On les nomme épervier, merle, rossignol amoureux Ils survolent les ajoncs Ne craignent leurs épines qui leur font un refuge
Leur port Une fontaine Un figuier lourd de fruits Une treille Une étable Sous le toit du silence
Ils passent sous l’arc éphémère qui pose ses couleurs Sur le ciel changeant Quand la pluie enfin cesse Ce sont bien eux les rois D’un royaume immense Fragile à en mourir
Nous soupirons d’émois Dans nos mains qui s’effritent Le jour se lève Rond comme le dos de lune Il rosit Prend ses teintes de briques Là, près de la rivière Ou sur le front de mer Les oiseaux lissent leurs voilures Avant d’entrer en danse