Pourquoi on a inventé les mots ? demandait l’enfant à la table La mère n’avait que son silence pour répondre à cette question
Pourquoi le monde fait semblant ? demandait l’ado en carafe Seul le silence comme un écho pour le renvoyer en prison
Pourquoi les petits meurent aussi ? demandait le visage pâle Les mains tordaient fort le silence entre les draps de la maison
Pourquoi couper les cheveux en quatre ? demandait la vieille sans histoires Tous appelaient le silence qui engloutit les hésitations
Pourquoi jeter le temps qui passe ? demandait l’homme aux cartons Le silence dans les godasses changeait de trottoir pour de bon
Pourquoi je ne suis qu’humaine ? demandaient les yeux-papillon Des paupières tombait le silence qui battait ses ailes de laine
Pourquoi dois-je partir en guerre ? demandaient les épaules à fusil Et le silence bredouillait que c’était un mal pour la vie
Les mots ne font pas semblant. Ils poussent la mort dans les cordes, en s’agitant aux quatre vents dont les semelles sont percées. Ils se tiennent sur le fil du rasoir, à la jointure des fissures de nos humanités.