Le tempétueux vent du nord Bourrasque à tout crin Il creuse le chemin
S'approche alors un solitaire Les pieds dans les ornières Il va sans amertume
Ils s'entêtent tous deux L'un, agitant ses manchons de froidure L'autre, voyageur entre les grains de pluie L'un, déployant sa musique de feu L'autre, débusquant les odeurs qui pincent
Le solitaire plie son échine Le vent fouette cocher
Ici, la porte brinquebale fort sur ses gonds rouillés Là, le phare tient le cap dans la baie agitée Et la musique enfle les cols des manteaux
Là, le frêne et le chêne agitent leurs grelots Ici, on se chauffe les doigts au bon vin qui tient chaud Et la nuit enfile son collier de fumée
Lorsque le solitaire approche ses mains de terre Le vent ouvre la voie La tentation est grande D'entrer dans cette bouche qui appelle à venir
Sans grimace, on lui fait une place Quand sur le bout du banc il se forme une flaque La planche devient radeau Sur la ligne de partage des mots La soirée glisse en voyage