Sur la crête blanchie Un homme marche sur ses semelles feutrées Il glisse sur la neige
Patiemment
Il n'aperçoit rien d'autre qu'une empreinte Celle redoutée par enfants et bergers
Sans crainte
L'attend-t-il ? L'espère-t-il ?
L'homme ne s'exhibe pas Il ne se cache pas non plus Juste Il marche Il glisse Il avance ses pas Dans les tranches de brouillard
Cet homme-là Ce solitaire Je ne le connais pas
Encore
Cet homme-là Cet homme que je ne connais pas Passe droit À l'abri des congères
Il ne s'encombre pas de tergiversations Il ne s'encombre pas de complications
Sur la crête du froid L'homme et le loup Ils se savent tout près Mais ils ne se voient pas L'un derrière, l'autre devant
Sans doute
La trace des spatules rejoint celle de l'animal C'est là qu'il les voit, juste en contrebas Je dis bien il les voit puisqu'ils sont plusieurs Mais rien ne lui aurait permis avant de le deviner Ils marchent en file indienne Sans faire pas de côté Comme s'ils ne faisaient qu'un
Comme si
Les odeurs précèdent les hommes qui avancent Les loups ont déguerpi Le temps que le skieur les fixe du regard Ils ont disparu Ils se sont éclipsés comme des comètes vives