Le vieux soldat pensait En regardant défiler Les hommes pleins d'éclat Dans leur tenue d'apparat : Nous l'avions faite cette guerre Pour qu'elle soit la dernière ; En ces sombres années Lorsque la paix se noyait, Nous avions offert nos vingt ans Pour voir grandir nos enfants A l'ombre des oliviers, A l'abri des bombardiers !
Le vieux soldat pleurait Ses frères tombés dans les tranchées ; Des milliers de croix alignées Pour des milliers de vies fauchées En pleine jeunesse, en pleine lumière, Regards sombres, regards clairs ; Le souvenir de Verdun Prairie des soleils défunts, Au sol fleurissant De fleurs de sang ! Les armes sont plus puissantes, Les guerres sont différentes, Mais elles engendrent les mêmes horreurs, Elles font toujours pleurer les enfants Quand dans leurs sillons sanglants Germent les fruits de la peur !
Le vieux soldat se demandait En regardant défiler Les hommes pleins d'éclat Dans leur tenue d'apparat ; Y aura-t-il donc des guerres Tant qu'il y aura des hommes sur Terre ?