Je vous regarde et vous vous détournez. Hier encore, avec moi vous jouiez, Mais aujourd'hui parce que vous savez De vos jeux vous me rejetez. Regardez-moi ! Vous voyez bien, Je ne suis pas un martien, Juste un petit sidéen, Et je ne suis pas différent de vous, Je n'ai pas eu de chance, c'est tout ! Mais si votre ignorance M'oblige à vivre dans le silence, A taire ma maladie et ma souffrance, Je préfère même à regret De votre chemin m'éloigner. Moi, je ne demandais qu'un sourire Comme ça, juste avant de partir, Pour ne plus avoir peur de m'endormir, Accepter l'idée de mourir... Mais dans la peur qui vous anime Et le mépris que je devine, Vous me punissez pour un crime Dont je suis la victime !
Toi, pour qui chaque matin Est une victoire sur le destin, Je suis là, prends ma main, Tu es mon frère, mon copain ! J'ai tellement honte, tu sais, De vivre dans ce monde sans pitié, Qui n'hésite pas à te condamner Et te fait vivre comme un paria Parce que tu as le Sida. Allez ! Laisse-les avec leur peur, Il ne mérite aucun de tes pleurs. On va partager ton chagrin Et s'il devient aussi le mien Ce sera moins dur demain. Il faut maintenant les oublier, Avec toi, je vais rester Et tu verras, on va gagner ! A ce monde sans humanité Toi et moi, on va montrer Ce que peut faire l'amitié ! Viens ! Allons nous promener ! Regarde ! Le printemps est arrivé ! Je veux croire que tu vas grandir Quand sur tes lèvres se dessine un sourire.