Quand je songe aux Noëls de mon adolescence Je sens monter les flots d’une mer d’émotions, Celle qui nous emporte au gré de nos pulsions Pour mieux nous immerger dans un flux d’innocence.
La ville revêtait avec parcimonie Quelques décorations qui annonçaient la fête ; Rien ne pouvait alors me sortir de la tête La vision de paquets, de fruits et sucreries.
Un livre suffisait à m’emplir de bonheur Car les enfants d’hier se contentaient de peu ; Les parents appréciaient en nous voyant heureux De partager des mets aux multiples saveurs.
Quelques années plus tard c’était moi la maman Et j’aimais acheter, dans le plus grand secret, Un arbre à décorer et de nombreux jouets Qui réveillaient en moi mes souvenirs d’antan.
Mais lorsqu’ils ont grandi j’ai senti m’envahir Comme un vent de tristesse et de mélancolie : Plus de préparatifs ni de cachoteries Pour voir briller leurs yeux d’espoir et de plaisir.
Puis lorsque mes enfants devinrent des parents Ce fut un doux cadeau, presque une renaissance ; Je pouvais réveiller la douceur de l’enfance Et transcender l’amour,le graal des grands-parents.
La pendule a tourné emportant la magie Vers l’empire oublié que l’on nomme passé, Je me sens quelquefois simplement dépassée Par la folle envolée semée de nostalgie.
Aujourd’hui les cités regorgent de décors Qui éclairent trop tôt nos rues et nos logis ; Mais en voyant briller les yeux de mes petits Je me repais sans fin des joies de mes trésors.
Je mettrai à nouveau ce magique sapin Qui viendra égayer les soirées de l’hiver Et je mettrai au pied de ce beau conifère Un présent et mon cœur à l’abri d’un écrin.