Sans le moindre regret novembre s’est enfui Laissant son héritier glisser vers la froideur ; Pourtant dans ce déclin où la nature meurt Un souffle de gaieté adoucit tout ennui.
Lorsque le soir étend son châle ténébreux Villages et cités arborent des couleurs Qui inondent nos vies de multiples saveurs Et raniment en nous des souvenirs heureux.
Fragiles papillons caressés par le vent Les lampions suspendus scintillent en dansant Et réveillent en moi des souvenirs d’enfant Qui couvrent mon esprit d’un délicieux onguent.
A mon premier Noël sept ans était mon âge Et j’en ressens encore un doux enchantement ; Le sapin lumineux pour moi était absent Mais quelques sucreries n’avaient rien d’un mirage.
La soirée commença au cœur de l’Abbatiale Où l’office irradiait une étrange atmosphère ; Ce lieu de dévotion se para de mystère Pour mon âme d’enfant sauvage et pastorale.
La nuit s’est prolongée, telle une symphonie, Dans le nid familier dénué d’apparat ; Quelques croissants trempés dans un grand chocolat
Le Noël qui suivit fut chargé d’émotion : Un livre inattendu, cadeau exceptionnel, Fit naître à tout jamais ce goût presque charnel Pour les nombreux écrits qui comblent ma passion.
J’ai vécu des Noëls empreints de nostalgie Avant que mes enfants les teintent d’allégresse : J’aimais sans retenue ces instants de tendresse Où je leur concoctais une nuit de magie.
Les années disparues sous les crocs d’un molosse M’ont abreuvée d’amour pour mes petits-enfants Et lorsque je me perds dans leurs yeux pétillants Je revis en secret mes noëls en Chalosse.