Je suis un locataire J’habite dans mon corps Un petit meublé aménagé Par mon père et ma mère. Le temps d’y voir plus clair J’habite dans ce corps Mais d’année en année Le loyer est plus cher. J’aimerais bien rencontrer L’ propriétaire des lieux, Et si c’est Dieu lui dire : “Faut rénover un peu ! Quelle honte, quelle misère, Quelle irresponsabilité Au syndicat des locataires, On menace de ne plus prier ! “
Je suis un locataire J’habite dans mon corps J’ai un peu agrandi Juste pour le confort J’me suis fait une façade Renforcé la charpente Décoré l’extérieur Entièrement à mes frais. Chaque jour, j’ouvre en grand Pour qu’ mon for intérieur S’aère du présent Et balaye mes peurs. J’veux pas être expulsé De façon arbitraire Mais je sais qu’j’peux pas compter Sur la foie du propriétaire.
Je n’ suis que locataire J’habite dans ce corps Loué par Dieu le Père Jusqu’au jour de ma mort. Je ne m’en suis pas plains Jusqu’à l’année dernière Quand j’ai appris de plein Fouet qu’y avait un ulcère. J’ai prié l’ proprio D’faire les réparations Mais depuis pas un mot Pas même une notification. J’ai pris un avocat Proposer de racheter Il m’a dit ça s’fait pas Sachez qu’une âme ne peut que louer. Mais enfin quel toupet Il y a monopole J’irai chez Mahomet Ou chez le grand Moghol Chez Bouddha ou Shiva Ou même chez Collargol Je ne veux plus payer Pour un corps délabré.