Vois ces gueules cassées par des années de lutte, Ces regards asséchés, désertés par les larmes, Ces souvenirs piégés, blessés par tant de chutes, Ces villes assiégées par des foules en armes…
Vois ces doigts déchirés d’avoir creusé sans fin Des canaux, des rivières qui ne s’écoulent pas… Vois ces lèvres figées d’avoir parlé en vain, Vois ces pieds écorchés d’avancer pas à pas…
Pour trouver quelque port, Quelque part Au hasard, Jeter un coup du sort, Un regard, Un retard Aux confins d’une aurore…
Vois ces gueules cassées par tant d’années de guerres, Ces visages froissés qu’on oublie ça et là, Ces sourires clandestins de frontière en frontière Et ces terres brûlées, ces « plus rien au delà »…
Vois ces corps atrophiés de n’avoir su frôler D'autres corps libérés corps à corps mis à nu, Vois ces rêves figés, formatés, contrôlés, Tous ces mots hémophiles, ces illusions perdues…
Pour trouver quelque port, Quelque part Au hasard, Jeter un coup du sort, Un regard, Un retard Aux confins d’une aurore…