Il était menuisier, raboteur, ébéniste Il fabriquait des lits, des portes, des buffets C’était dans son métier un véritable artiste Il posait des cloisons, des lambris, des parquets
Il lui manquait un doigt mangé par la toupie Cela se remarquait dans ses poignées de main Le voyant raboter, il me donnait l’envie De caresser le bois d’un admirable grain
A la bouche un mégot, un crayon sur l’oreille Il sciait, délignait du chêne ou du sapin Je venais respirer une odeur sans pareille En rentrant de mes cours, c’était sur mon chemin
Avec admiration, je le regardais faire Il semblait m’ignorer penché sur l’établi Je restais sans bouger pour ne pas le distraire Puis il se redressait, son ouvrage fini
Il était menuisier, souvent dans la poussière L’atelier est fermé, les outils au repos Personne ne viendra les remettre en lumière Quand je passe par là, j’ai toujours le cœur gros