Dans les forêts profondes où règne le silence Sous les hêtres fayards, les chênes chevelus Se perdent les échos de ces cris de démence Que poussaient les soldats à jamais disparus
La mort était ici sur ce champ de bataille Sur le sommet des crêtes et au creux des vallons Des hommes courageux fauchés par la mitraille Au rythme des grenades et des coups de canon
La mort était ici au fond de ces tranchées Dans la neige et la boue, dans le froid et la peur Tombeaux ouverts au ciel aux parois détrempées Où s’infiltrait le gaz qui semait la terreur
La mort était aussi dans d’infects ouvrages Casemates et fortins, cercueils en béton Elle rôdait partout dans les champs, les villages Fauchant de jeunes vies, sans motif, sans raison
Dans ces forêts profondes où survit la mémoire Sous la terre meurtrie aux souvenirs enfouis S’est écrite autrefois une page d’histoire Que jamais il ne faut rejeter dans l’oubli