Le secret du « Bonheur »
Le sage prit, un jour, le fou en aparté
Et lui demanda s’il connaissait le bonheur
« Ah ! Cette bête ailée tant convoitée !
Restez là, vous verrez, elle repasse dans une heure ! »
Il voulut savoir s’il l’avait jamais attrapée
Ou s’il savait une manière pour s’en saisir
« Cela n’est pas aisé, mais je m’y suis agrippé
Quelques fois, quand elle se pose pour se nourrir.»
« Dites-moi le havre où elle se repose ?
Peut-être pourrais-je, en ce lieu, l’appâter ? »
« Pour cela, monsieur, il vous faudrait quelque chose,
Un mets exquis mais bien rare, qui puisse la flatter ! »
« Dites moi tout, je vous prête une oreille attentive.
Car telle est la quête de tout homme de raison,
De faire de cette créature sa captive
Pour que les années ne sachent plus que la belle saison. »
« Soit ! C’est sur les routes les moins fréquentées,
Qu’elle plie son aile, mais sa pause est brève.
Elle se dérobe ainsi et pour se refaire une santé,
Picore les pensées mais n’en avale que les rêves. »
« Ma route n’est pas celle d’un autre,
Et mes rêves, fort honorables !
Pourquoi la croisez vous sur la vôtre ?
Alors que la mienne lui serait bien plus convenable. »
« O sage ! Votre chemin est bien trop droit, trop linéaire !
Pour que le bonheur puisse s’y dissimuler, à un tournant.
Vous pouviez voire passé, présent et avenir nus, sans mystèr
Et de rêves, vous n’en eûtes, guère. Mais des ambitions y re
« Ne la verrais-je donc jamais cette bête là ?
Toutes ces année passées à sentir son parfum,
A tenter de la toucher et à chercher sont éclat,
Ces ingrates me laissent, aujourd’hui sur ma faim. »
« Oh ! Elle revient ! Vous voyez, encore une fois !
Suivez moi vieil homme, sur ma route sinueuse.
Voyez ces sentiers : Amour, Espoir… celui là se nomme Foi !
La voilà ! Approchez et tâtez doucement la précieuse.
Le bonheur se trouve là, où ne s’aventure le sensé.
Tel un trésor que l’on croit, à tort, mériter
Ce n’est ni une chimère, ni une légende du passé
Mais un destrier sauvage que nous autres, devons dompter.