La Dame du Nord nous ouvrit les portes Jouxtant l’escalier immortel que le fer supporte D’emblée apparut le jardin de haute clarté Des palmes douces y oscillaient avec docilité Tandis qu’au milieu de la fraîche verdure Se suspendait immobile dans l’eau sure Un couple de grenouilles aux lèvres de pierre D’un bassin dormant aux reflets du verre Loin de la ville aux épanouis festins Se ressentait la prémisse des destins Là sur le banc bas où le jeune poète Tantôt sybarite tantôt anachorète Couchait en des feuillets simples et minces Des rêves hellènes et le caprice des nymphes. Tressaillement de l’âme, intimité diffuse Effroi d’un doute, émotion confuse Vinrent, embruns qui surprennent et glacent Abandons ou fuites ne sachant prendre place Car les poètes, plages aux vaines certitudes Qui s’évaporent sans cesse aux altitudes Ne saisissent frêle que le sable des choses Où une beauté éblouissante et fugace repose Le rire de mes enfants éclata au visage De retour profane fut le plain paysage Où s’évanouit la rémanence hautaine du penseur Mais hiératiques demeurèrent l’esprit et les hauteurs Au toit diaphane et vaporeux d’un jardin d’azur Que baignent les silences d’une onde pure.